mercredi 18 mars 2009

Presque aveugles



J'avais l'habitude de souffler la fumée dans le verre, pour me divertir. Dans le Walkman, un solo de piano, pendant que l‘haleine brouillait ma réflexion et les quelques feux qui résistaient vers la fenêtre. Je pensais au silence qui couvrait ces champs. Une seule lune, peut-être, une presque cécité qui mêlait et confondait les frontières entre toutes choses. Un pouls sourd venait des rails, comme une aiguille en battent l'étiquette dans le dernier et plus intérieur tour du vinyle, oubliée dans la fractale de son bruit. Le temps ne passait pas, et aucun divertissement était trop petit pour ceux qui restent au milieu du chemin.


Je ne pouvais pas expliquer la fascination que j‘ai acquis par ce particulier point de vue. Tout venait avec une certaine avidité, avec une douceur dedans: l'anonymat de la vitesse, le wagon éteint parmis les champs inconnus, et chaque faible point de feu, peut-être une maison, une famille, une signalisation, un département des organismes ferroviaires inventés ... je suivait dans la direction opposée à celle du train, en essayant de dessiner le chemin parcouru depuis le moment que j‘ai été intégré au abîme de marcher.


Elle semblait Narizinho*, celle de la première version du Sítio*. Yeux verts, les boucles dorés à la camomille. Ensuite... l'imagination. La façon par laquelle elle se tournerait vers moi pour un dernier adieu dans la station, à mi-chemin de la latence; l'inclinaison de son visage quand le bout de mon nez parcourût la nudité de son épaule à son cou; la vapeur qui s‘occuperait du coin de ma bouche avant le premier baiser, la respiration fébrile par l‘antecipation de l‘effort.


Je retiens tous les feux des champs presque aveugles de Narizinho, où j‘ai essayé une marche, prisonnier à un solo de piano e au milieu d‘un chemin.


*personage d‘un programme de télévision des anées 80 au Brésil, qui s‘appelait Sítio do Picapau Amarelo, d‘après l‘œuvre homonyme de Monteiro Lobato.

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